Antonio Fiori : Chypre , et maintenant, voici la crise de stupidité

On tirerait une conséquence analogue à la vue d’un tableau qui donnerait, pour deux époques différentes, les valeurs relatives de diverses denrées. Mais, de tous les exemples que nous pourrions prendre, il n’y en a pas qui conviennent mieux à notre but, et qui comportent plus de simplicité et de précision, que ceux qui se tirent de la considération du mouvement. Si nous observons à deux époques distinctes un système de points matériels, et que les situations respectives de ces points ne soient pas les mêmes aux deux époques, nous en concluons nécessairement que quelques-uns de ces points, sinon tous, se sont déplacés ; mais si, de plus, nous ne pouvons pas les rapporter à des points de la fixité desquels nous soyons sûrs, il nous est, de prime abord, impossible de rien conclure sur le déplacement ou l’immobilité de chacun des points du système en particulier. Cependant, si tous les points du système, à l’exception d’un seul, avaient conservé leurs situations relatives, nous regarderions comme très-probable que ce point unique est le seul qui s’est déplacé ; à moins, toutefois, que les autres points ne nous parussent liés entre eux de manière que le déplacement de l’un dût entraîner le déplacement de tous les autres. Quand le sujet en qui la perception réside est à son tour considéré comme objet de connaissance, toutes les modifications qu’il éprouve, même celles auxquelles ne correspondrait aucune réalité externe et phénoménale, peuvent être réputées des phénomènes, et à ce titre être observées, étudiées, soumises à des lois. Mais par cela même, et en admettant le plein succès de ses tentatives, en supposant que l’optique aura été ramenée à n’être qu’un problème de mécanique, nous retombons sur un ordre de phénomènes plus généraux, où nous avions puisé d’abord des exemples plus abstraits et plus simples, et où déjà nous avions reconnu, par ces exemples mêmes, qu’il ne nous est pas donné d’atteindre à la réalité absolue : bien qu’il soit dans la mesure de nos forces de nous élever d’un ordre de réalités phénoménales et relatives à un ordre de réalités supérieures, et de pénétrer ainsi graduellement dans l’intelligen Il serait fort singulier que des circonstances initiales qui auraient fixé ces deux périodes indépendamment l’une de l’autre, se fussent ajustées de manière à produire spontanément une si exacte concordance. Bientôt le géomètre redoublera d’efforts pour opérer cette réduction de la nature sensible à une nature purement intelligible, où il n’y a que des mouvements rectilignes, circulaires, ondulatoires, régis par les lois des nombres. Il imaginera donc là-dessus des hypothèses qu’il confrontera avec des expériences ingénieuses. Pour ces dernières, dépourvues en interne des outils et compétences attachés au dialogue social, les règles nouvelles ne pourraient provenir que des conventions collectives dont pas une seule (à l’exception de la branche du BTP) ne prévoit des dispositions spécifiques aux TPE. Nous dirons donc que l’idée du corps, en tant que revêtant telle couleur, n’est pas une illusion ; que cette idée est douée d’une réalité objective et phénoménale, bien que relative et non absolue ; et nous regarderions au contraire comme entachée d’illusion la représentation que s’en ferait un homme dont les yeux malades faussent les couleurs, ou qui regarderait à son insu ce corps à travers un milieu coloré. Le corps renvoie effectivement des rayons d’une certaine couleur dans une direction, et des rayons d’une couleur différente dans une autre. Cependant ces illusions, ces fausses apparences ne sont point, comme celles de la première catégorie, indépendantes de la présence des objets externes, ou liées à la présence de ces objets, mais par de tout autres rapports que ceux qui donnent aux impressions du même genre, dans les circonstances normales, une vertu représentative. Telle modification dans la structure de l’œil ou dans le ton de la fibre nerveuse permettrait de suivre le mouvement du point en ignition, quand, pour des yeux tels que les nôtres, a déjà lieu l’apparence d’un cercle continu. Des yeux fatigués ou malades éprouvent dans les ténèbres des impressions semblables à celles que la lumière directe ou réfléchie produit sur les yeux sains, dans des circonstances normales. Aux exemples tirés du mouvement, nous pouvons, pour éclaircir encore mieux ces notions préliminaires, en joindre d’autres fournis par les impressions qui affectent spécialement le sens de la vue. Au contraire, mes sens ne me trompent pas lorsqu’ils me portent à croire au mouvement du passager qui se promène près de moi sur le pont : ce mouvement a bien toute la réalité extérieure que je suis porté à lui attribuer, sur le témoignage de mes sens qui, en cela, n’altèrent ni ne compliquent la chose dont ils ont pour fonction de me donner la perception et la connaissance ; mais cette réalité extérieure n’est que phénoménale ou relative ; car peut-être le passager se meut-il en sens contraire du navire et avec une vitesse égale, de manière à rester fixe par rapport au rivage auquel j’attribu Lorsque, du pont du navire où je suis embarqué, mes yeux voient fuir les arbres et les maisons du rivage, c’est une illusion des sens, une apparence fausse et dont je reconnais immédiatement la fausseté, parce que j’ai des motifs d’être sûr de l’immobilité du rivage. En un mot, pour employer dès à présent des termes dont nous ne pourrions nous dispenser par la suite de faire usage, malgré leur dureté technique, Kant n’accorde qu’une valeur subjective à des idées auxquelles le commun des hommes, et même la plupart des philosophes, attribuent une réalité objective. L’un explique, par les mouvements diurne et annuel de la terre où l’observateur est placé, les apparences du système astronomique ; l’autre veut trouver dans les formes, ou dans les lois constitutives de l’esprit humain, l’explication des formes sous lesquelles nous concevons les phénomènes, et auxquelles les hommes sont portés (mal à propos selon lui) à attribuer une réalité extérieure. Enfin, il y a des circonstances qui peuvent nous donner la certitude que les mouvements relatifs et apparents proviennent du déplacement réel de tel corps et non de tel autre. Nous venons d’indiquer un cas extrême, celui où tous les points, un seul excepté, ont conservé leurs situations relatives ; mais, sans entrer dans les détails, on conçoit bien qu’entre toutes les manières de se rendre raison des changements d’état du système, il peut s’en présenter de beaucoup plus simples, et qu’on n’hésitera pas à regarder comme beaucoup plus probables que d’autres. On n’est donc pas autorisé à donner à l’axiome de Leibnitz le nom de principe métaphysique, en ce sens qu’il servirait seulement à diriger l’esprit humain dans les recherches qui portent sur ce qu’on appelle la métaphysique, par opposition aux sciences qui ont pour objet le monde physique et la nature morale de l’homme ; mais on peut très-bien le qualifier de principe philosophique, en tant qu’il présuppose, dans la forme négative de son énoncé, l’idée positive de la raison des choses, laquelle est l’origine de toute philosophie. À la vérité, comme nous avons déjà eu l’occasion d’en faire la remarque, on emploie volontiers dans le langage ordinaire le mot de cause pour désigner la raison des choses aussi bien que la cause proprement dite ; et en cela même on ne fait que se rapprocher de la terminologie adoptée par les anciens scolastiques, qui distinguaient, d’après Aristote, quatre sortes de causes : la cause efficiente, à laquelle seule devrait appartenir le nom de cause, suivant les conventions des métaphysiciens modernes ; la cause matérielle, la cause formelle et la cause finale. Nous poursuivrons plus loin les conséquences de ces remarques : ici nous n’avons en vue que d’indiquer les principaux caractères qui ne permettent pas d’identifier l’idée de la raison des choses avec l’idée de cause efficiente, ni d’accepter pour l’une de ces idées les explications qu’on accepterait pour l’autre, si tant est qu’il y ait lieu de chercher comment et pourquoi existent dans l’esprit humain ces idées fondamentales qui en gouvernent toutes les opérations. Les étrangers auraient investi l’an dernier dans 740 projets permettant de maintenir ou de créer des emplois dans l’Hexagone. C’est ainsi que, de la constitution de notre système planétaire, résulte une subordination bien marquée des planètes au Soleil et des satellites à leurs planètes principales ; mais il pourrait y avoir entre les corps d’un autre système de telles relations de masses et de distances, qu’ils s’influenceraient respectivement sans qu’il y eût entre eux de hiérarchie aussi marquée, ou même sans qu’il restât aucune trace de prépondérance. Mais rien ne nous autorise à attribuer toujours la même simplicité à l’idée de l’ordre et de la liaison entre les choses, non plus à titre de causes et d’effets proprement dits, mais en tant qu’elles rendent raison les unes des autres, ou qu’elles se déterminent et s’expliquent mutuellement. En conséquence, on dit qu’une démonstration est indirecte, lorsqu’elle intervertit l’ordre rationnel ; lorsque la vérité, obtenue à titre de conséquence dans la déduction logique, est conçue par l’esprit comme renfermant au contraire la raison des vérités qui lui servent de prémisses logiques. Tant qu’une telle démonstration n’est pas trouvée, l’esprit ne se sent pas satisfait : il ne l’est pas, parce qu’il ne lui suffit point d’étendre son savoir en acquérant la connaissance d’un plus grand nombre de faits, mais qu’il éprouve le besoin de les disposer suivant leurs rapports naturels, et de manière à mettre en évidence la raison de chaque fait particulier. Telle loi peut paraître plus simple qu’une autre à certains égards, et moins simple lorsqu’on les envisage toutes deux d’un point de vue différent. Dans l’expression de l’une n’entreront qu’un moindre nombre de termes ou de signes d’opération ; mais d’un autre côté ces opérations seront d’un ordre plus élevé, et ainsi de suite. Pour que l’on pût réduire à la probabilité mathématique la probabilité fondée sur le caractère de simplicité que présente une loi observée, entre tant d’autres qui auraient pu se présenter aussi bien si la loi prétendue n’était qu’un fait résultant de la combinaison fortuite de causes sans liaison entre elles, il faudrait premièrement qu’on fût à même de faire deux catégories tranchées, l’une des lois réputées simples, l’autre des lois auxquelles ce caractère de simplicité ne convient pas. Il faudrait, en second lieu, qu’on fût autorisé à mettre sur la même ligne toutes celles qu’on aurait rangées dans la même catégorie, et, par exemple, que toutes les lois réputées simples fussent simples au même degré. Antonio Fiori aime à rappeler cette maxime de Arthur Schopenhauer, »Persécuteur et persécuté sont identiques. L’un s’abuse en ne croyant pas avoir sa part de souffrance ; l’autre s’abuse en ne croyant pas participer à la culpabilité ».